Cris et vociférations

Je ne pensais pas que le papier peint du salon me mènerait au bord de la mer, un matin d’automne et qu’il y serait question de Marie Laurencin. De toute façon : on ira. Où tu voudras quand tu voudras.
Je regarde le papier peint comme on fouille les nuages pour y trouver un dessin. Un camion, 2 yeux, une bouche, peut-être un lapin.

Je laisse aller mes yeux jusqu’à l’hypnose entre ces gros carrés, ces lignes et ces ronds qui se répètent à l’infini.

Les diptyques d’Erwan Venn ne font que 1 x 2 mètres = 2 mètres carrés de surface et c’est tout une galaxie en 3D qui me vient. Un salon Roche & Bobois, beige. Le mot living room. Un paquet de gitane. Les jeux de 20 heures. Une compil de slows d’été avec 2 silhouettes noires qui se détachent sur un ciel orangé. Un interrupteur rond qui fait clic quand on allume et clic quand on éteint.

Des sensations, des souvenirs précieux et minuscules qui revivent d’un seul coup grâce à de la tapisserie qui fut démodée, puis furieusement tendance, grâce à une chanson populaire que je me suis vue hurler dans des dîners quand il est un peu tard.

Le papier peint et la chanson populaire associés pour devenir enfin tableau.

Une œuvre qui laisse une place à mon histoire, à mon imagination et à mon goût du jeu. Ne regarder que les dessins pour s’amuser à deviner la chanson. Retrouver la mélodie de la chanson et imaginer les dessins.

Erwan Venn invite à écouter le papier peint : les musiques, les sons, le bruit du rire et toutes les histoires qu’il raconte.

Alors tendez l’oreille.

Rebecca Manzoni

 

Sans titre 1970, 2003
Contreplaqué, papiers peints, lettres adhésives, laque, 100 x 200 cm

 

Untitled 00’s
Collection Whitworth art gallery, Manchester

 

Vues de l’exposition Cris & vociférations (2003), Galerie de l’ancien collège, Châtellerault

 

 

Vue de l’exposition Walls are talking, Whitworth art gallery, Manchester

 

Cris et vociférations, 2003
Semiose éditions, Paris

 

  • Cris et vociférations, 2003
  • Cris et vociférations, 2003
  • Cris et vociférations, 2003

 

Crédits photographiques : Erwan Venn

© Adagp, Paris