Imaginons un meuble à plusieurs faces dont chacune est pourvue de tiroirs, tous reliés les uns aux autres. Il vous faut donc tourner autour, les ouvrir un à un, en vous souvenant de ce que recelait le tiroir précédent, maintenant invisible à votre œil. Si les uns accueillent la représentation d’un mythe, mort ou vivant, oublié ou vivace, les autres se composent d’éléments du moment : l’actualité, la réalité, un lieu d’exposition avec ou sans fenêtre, une habitude commune ; ou encore d’un vieux machin, qui pourrait faire dire que « c’était mieux avant » – tendance mélancolique – « parce que le bois, c’est plus facile à travailler que l’aluminium et l’étain que le plutonium ». Confiture, roues de charrette, bûches, mammouth, maisons en rondins, allégories de la Justice, l’artiste laisse toutes ces choses « faire leur cinéma ».
Il travaille non pas au fouet, non pas au gobelet shaker, mais à l’emporte-pièce. On est ici dans l’artisanat, et Laurent Kropf souhaite garder cette facture de « celui qui s’essaie à différents trucs » ; la main et la tête unis dans une organisation horizontale digne de l’anarchie la plus utopique. Ce qui importe le plus à l’artiste, c’est que son œuvre soit adoubé des vieux pères qui président en lui.
« L’apprenti est doué de fierté et semble bien décidé à suivre des chemins difficiles, abandonnés des Maîtres ».
Une Profession de foi.
Joy Alamanni, écri à partir des souvenirs d’une interview perdue, octobre 2015.
© Sous licence Creative Commons-BY-NC-SA
Let us imagine a piece of furniture with several sides, each one of which is fitted with drawers, which are all connected to each other. So you have to walk around it, opening the drawers one by one, remembering what the previous drawer contained, which is now invisible to your eye. While some accommodate the representation of a myth, dead or alive, forgotten or living, others are made up of elements of the moment : current affairs, reality, an exhibition venue with or without windows, a common habit ; or alternatively an old thing, which might cause one to say that “it was better before”—a melancholy tendency—because wood is easier to work than aluminium, and tin than plutonium”. Jam, cartwheels, logs, a mammoth, log houses, allegories of Justice, the artist lets all these things “make their scenes”.
He works not with a whip, not with a shaker cup but with a pastry cutter. Here we are in craftsmanship, and Laurent Kropf is keen to keep this style of “someone who tries his hand at different things” ; hand and head united in a horizontal organization worthy of the most utopian anarchy. What matters most to the artist is that his oeuvre should be dubbed by the old fathers presiding within him.
“The apprentice is endowed with pride and seems to have his mind made up to follow difficult paths, abandoned by the Masters”.
Une Profession de foi.
Joy Alamanni, written on the basis of memories of a lost interview, October 2015.
Translated by Simon Pleasance, 2015
Œuvres de l’artiste dans les collections publiques du réseau Videomuseum
MAMCO, Genève (Suisse)
Collection Ph. Nordmann, Genève (Suisse)
Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA (Bordeaux)
Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine (Limoges)
La forêt d’art contemporain, Biganos
Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds
Collection de la Ville de Lausanne
Collections privées